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Bonjour Rémi, pouvez-vous vous présenter, comment êtes-vous devenu musher ?
Originaire des Alpes du Nord, j’ai toujours vécu dans un environnement de montagne en compagnie de chiens. Issu d’une formation dans le multimédia, mais peu enclin à travailler derrière un bureau, j’ai écumé plusieurs métiers (secours sur piste, restauration, travaux agricoles…) avant de mettre les pieds dans le mushing. 6 ans en arrière, j’ai eu la chance de rencontrer un jeune musher qui s’était blessé et cherchait un remplaçant sur la saison hivernale. Deux huskys m’accompagnaient déjà à l’époque et je me suis mis en dispo, pour me retrouver assez vite (l’espace de trois semaines) en autonomie avec une meute d’une quinzaine de chiens nordiques à laquelle j’ai progressivement intégré les miens. J’avais mis les deux pieds dans le plat, pour confirmer à la fin de cette première saison la passion que j’avais de travailler dans cet univers et de le partager avec le plus grand nombre. 2 ans plus tard, je m’installais à mon compte sous le nom de Nunatak, en hommage à ma première chienne Nuna décédée entre-temps.
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Décrivez-nous votre passion ?
C’est d’abord l’amour du vivant et des chiens qui m’anime, il faut quand même une bonne affinité avec le froid et les conditions extrêmes, mais c’est surtout l’appel des grands espaces qui nourrit encore aujourd’hui cette passion. Un métier exigeant avec ces contraintes et ces astreintes, mais empli d’émotions avec ces moments de partage et d’échanges à l’attelage avec les chiens. C’est un plaisir quotidien de les voir évoluer et vivre ensemble.
Combien de chiens avez-vous aujourd’hui, pouvez-vous nous présenter votre meute ? Comment élève-t-on un chien nordique ?
Plus ou moins une vingtaine de chiens de traîneau avec différentes races nordiques du Husky Sibérien, aux Esquimaux du Groenland et tout dernièrement de l’Alaskan. Nous sommes installés toute l’année à 1500m d’altitude et en sous-bois pour le confort des chiens, qui bénéficient de la fraîcheur de cet environnement même pendant les périodes les plus chaudes. Ils évoluent chacun en enclos, par groupe de 2 à 5 chiens, et tous ensemble en semi-liberté dans un grand parc d’ébats sous ma surveillance. Les chiens nordiques sont des races primitives, très proches de leurs cousins les loups, avec un instinct de chasse très développé et une vie de meute très marquée par la hiérarchisation de leur interaction entre congénères. Le dressage se doit d’être un peu plus strict en imposant sa “patte” sur l’ensemble du groupe et en restant vigilant au quotidien pour assurer une bonne synergie et une bonne entente au sein de l’ensemble de la meute.
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Quelles sont les différentes activités que vous proposez ? À quel public vous adressez-vous ?
Je propose principalement du baptême en chiens de traîneau , où c’est moi qui pilote et emmène les gens en balade, activité accessible à tous à partir de 2 ans et qui est adaptée à un public handicapé (moteur ou mental). Des journées à thèmes, des nocturnes avec un projet de nuitées en cabane ou en bivouac, des visites de parc et de la zoothérapie, de la cani-rando ou du cani-cross sont également à la carte de nos prestations.
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Comment s’organise une randonnée en chiens de traîneaux ? Les sensations ?
On commence par une présentation du matériel et par faire connaissance avec les chiens pour s’imprégner de l’univers, un moment très émouvant. Puis on se laisse guider par le musher pour la balade, confortablement installé dans un traîneau l’hiver ou sur un kart le reste de l’année. Après les aboiements et l’excitation du départ, le silence des grands espaces n’est rompu que par le crissement des patins sur la neige ou des roues sur la terre, la respiration haletante des chiens dans l’effort, la voix du musher et les bruits de la nature. Avec tout le côté sensationnel de la traction animale, en descente on peut monter jusqu’à 40km/h et loin d’être passifs vous ressentez la gravité, la grisante sensation de vitesse, les dérapages dans les virages.
Avec Luc du Gîte de la Draye vous êtes à l’initiative de l’association de La Draye qui connaît une belle impulsion, quelles sont les nouveautés phares de cet hiver ?
Nous avons déjà tissé un partenariat avec la commune de Baratier, pour y tracer de nouveaux itinéraires et on va essayer de remettre en place la liaison jusqu’à la station des Orres afin de rouvrir un parcours de 25km aller-retour en pleine nature.