Pouvez-vous vous présenter et expliquer votre parcours professionnel dans le milieu de la nature ?
Mon parcours professionnel est surtout constitué des 42 années passées au service de la nature dans le Parc national des Ecrins : de la Vallouise, en passant par l’Oisans puis l’Embrunais. Avant de devenir élu de la commune d’Embrun, j’ai été chef de ce secteur de l’Embrunais. Aujourd’hui retraité, je reste engagé dans la vie publique au sein de la municipalité auprès de laquelle je m’attache à porter les enjeux de développement durable et de biodiversité.
Etes-vous originaire de Serre-Ponçon ?
Non, je suis né à Paris où j’étais à l’école nationale de chimie que j’ai quittée avant la fin du cursus afin de me diriger vers la montagne, l’appel était trop fort. Ce fut d’abord via l’alpinisme et le ski en tant que moniteur à l’UCPA, avant de passer sur le thème de la Nature.
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Pourquoi avoir choisi Serre-Ponçon pour exercer votre activité ?
J’ai été clairement attiré par la lumière de l’Embrunais, ce mix méridional et alpin. Je n’avais aucune attache avant de venir dans cette région. Mes enfants y ont grandi pour partie et j’y ai fait la plupart de ma vie. Ma femme originaire de Normandie a suivi exactement le même chemin et nous sommes, aujourd’hui encore, en totale admiration devant la beauté de cette région.
Quelles espèces animales sont emblématiques de Serre-Ponçon ?
Lac et montagne sont liés. Le souffle de la Provence vient y rappeler que le « sud » n’est pas loin. Embrun juchée sur son Roc est adossée au massif des Ecrins ; il y a d’un côté la haute montagne et de l’autre le lac de Serre-Ponçon, un mariage qui va expliquer la biodiversité exceptionnelle qui marque la région. En conséquence, on retrouve des espèces méditerranéennes comme le Goéland leucophée et d’autres témoins méridionaux comme certaines cigales et beaucoup plus haut le lagopède alpin qui vit son existence secrète près des sommets. Le plus surprenant est ce contraste, puisque se retrouvent ici des espèces provençales aux côtés d’autres boréales. On peut donc croiser sur le même territoire la chouette de Tengmalm et le hibou petit duc, des cigales ou encore le papillon Isabelle, endémique des Hautes-Alpes et de l’Ubaye.
Où peut-on les observer ?
Nous pouvons les observer sur le lac de Serre-Ponçon, dans la zone du Liou par exemple, du côté du Mont-Guillaume, ou en allant randonner dans les zones isolées du Parc national des Ecrins.
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Des astuces conseils pour les observer ?
Tout ce que nous observerons relèvera de la surprise, du cadeau. Rien n’est écrit d’avance dans la nature ! Il faut être discret, respectueux, le « radar de nos sens » connecté à l’environnement. Être humble et ouvert reste le meilleur des conseils, les animaux sont ici chez eux, notre présence peut être perçue comme intrusive. Le silence, l’écoute, l’odorat, le toucher, nos sens doivent être en alerte.
Si l’on s’est préparé à la « rencontre sauvage », c’est comme à l’opéra, on appréciera d’autant plus que l’on est prêt, que l’on est dans l’attente. En réalité, il y a toujours quelque chose à observer mais il faut pour cela prendre le temps de regarder. A titre d’exemple, au début de l’été les martinets noirs sont très présents dans les villes et les villages de notre région. Cet oiseau pourtant commun a de quoi nous surprendre : il a la faculté de vivre en vol la quasi-totalité de l’année : il dort, se nourrit et même s’accouple en l’air !
Nous avons parlé de faune, passons maintenant à la flore de Serre-Ponçon ? Y a-t-il des fleurs emblématiques de Serre-Ponçon ?
Le plus représentatif de nos arbres est sans aucun doute le mélèze avec ses forêts lumineuses aux sous-bois fleuris. Le pin sylvestre est aussi très répandu. Il y a également de très belles hêtraies à l’ouest du département. Elles s’étendent jusqu’à Boscodon puis disparaissent ensuite, le climat ne leur convenant plus. Côté fleurs, ce sont celles d’altitude qui sont les plus prisées : gentianes, soldanelles et tant d’autres, dont bien sur le fameux génépi ! L’astragale queue de renard est une rareté que l’on retrouve à Puy-Saint-Eusèbe notamment. La saxifrage à feuilles opposées, recordman d’altitude avec 4080m sur la Barre des Ecrins, se cache dans les rochers.
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A-t-on le droit de les cueillir ?
Cela dépend quoi et cela dépend où. Dans la zone de cœur du Parc national des Ecrins, il n’est pas possible de cueillir de fleurs. Quand on y réfléchit bien, quel est l’intérêt de cueillir des fleurs de montagne, si fragiles ? Dans la cueillette il y a un aspect appropriation, j’invite donc chacune et chacun à plutôt les admirer, les photographier, les humer, mais à laisser ceux qui vous suivront le plaisir d’en profiter. Si laisser une belle fleur au bord du chemin est un respect du vivant, c’est également un geste plein d’égards au prochain promeneur…
Avez-vous une petite anecdote sur vos sorties nature à nous raconter ?
Un jour, en sortie du côté du Mont-Guillaume (au belvédère de la Parre, facilement accessible), j’étais à la recherche de la faune avec mes jumelles. En m’approchant de la barrière, je suis tombé sur un Aigle royal, qui à ma vue a déployé les ailes et s’est envolé. Cette merveilleuse observation est encore bien présente aujourd’hui dans mon esprit.
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Pouvez-vous nous conseiller une balade qui reflète la magie de Serre-Ponçon ?
Le belvédère de la Parre sur la rocade du Mont-Guillaume est un très bel endroit, sans doute l’un des plus beaux points de vue sur le Lac et les montagnes du massif du Parpaillon. On peut y observer l’aigle royal, les petits passereaux du mélézin, mésanges et autres becs-croisés… J’aime beaucoup ce lieu, facilement accessible, y compris par les personnes ne pouvant ou ne souhaitant pas (ou peu) marcher. J’y ai partagé beaucoup d’émotions avec les nombreuses personnes que j’ai pu y conduire. Ce lieu est magique. On y retrouve beaucoup des espèces référencées dans l’Atlas de la Biodiversité de la commune d’Embrun.
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