Description
Église romane construite aux XIVe et XVe siècles, inscrite aux Monuments Historiques. Son surnom « la mignonne » donné par les archevêques, en est la preuve. Dans le chœur, des peintures murales en trompe-l’œil ont été découvertes grâce à des sondages
Elle est dédiée à Saint-Laurent, patron de la paroisse (d'où les initiales S.L. figurant sur les armoiries de la commune).
Bien que ce ne soit pas courant au Moyen-Age, l'édifice est orienté Nord-Sud et pas Est-Ouest. L'exiguité du site, limité par des remparts, pourrait expliquer cette orientation.
L'église présentait à l'origine la stricte rigueur du plan en croix latine traditionnel avec deux chapelles formant transept; les quatre autres chapelles latérales ont été fondées plus tardivement. Ce plan atteste du rapport entretenu avec l'art roman chalaisien en général et avec l'abbaye de Boscodon en particulier. Façade Nord:
La façade princiaple donnant sur la Grande Charrière s'ouvre par une porte en plein cintre, accompagnée de chaque côté par 3 voussures qui reposent sur 3 colonettes en retraite successive en pierre vive, couronnées par des chapiteaux à feuillage à crochet, décorés de motifs finenement sculptés : figurines humaines, rameaux de chêne paré sur celui de droite d'un amusant petit escargot... Au-dessus des colonettes, deux rouleaux en plein cintre dessinent et soutienent l'arcature de la porte. Le culot de l'extrados est orné d'un écusson portant à gauche trois fleurs de lys et à droite un dauphin, références au royaume de France et au Dauphin.
Au dessus de l'extrados apparait l'arête d'une voûte en berceau légèrement brisée qui vient s'appuyer de part et d'autre sur deux colonnes engagées, tristement mutilées au sommet et qui supportaient autrefois le ""Réal"". En effet, à l'origine et jusqu'au début du XXe siècle, l'ensemble était abrité, à la façon lombarde, d'un magnifique porche appelé le Réal (porta régalis) comme à la cathédrale d'Embrun.
Malheureusement, celui-ci a été démoli pour laisser le passage à la Grand Route qui jusqu'en 1990, empruntait le coeur du village [...]
Au-dessus de l'ensemble, s'ouvre une haute fenêtre du XVe siècle, d'allure gothique, partagée par un meneau central, surmontée d'une rosace à dentelure flanboyante où apparaissent également fleurs de lys et dauphin, ainsi qu'une lune et un soleil. Cette baie de style gothique flamboyant est venue se substituait à une baie romane plus petite.
Des bandes lombardes en dent de scie parachèvent tout en haut au ras du toit la décoration de la façade, percée également de part et d'autre de l'entrée par deux fenêtres en plein cintre et renforcée de deux hauts piliers.
Une grande porte à deux battants, massive et ouvragée du XVIe siècle, en pin cembro, donne accès à léglise. Au-dessus de l'épais linteau de pierre, le tympan en demi-lune est habillé d'une fausse fresque classique, peinte à la fin du XIXe siècle par Isabelle ROMAN, du chateau de Picomtal. Cette oeuvre non protégée et fortement dégradée par leseffets de la circulation, vient d'être habilement reprise par M. Benoît ROMAN D'AMAT, ancien élève des Beaux Arts et arrière petit fils de l'auteur.
Intérieur :
L'église, d'un abord assez sombre, s'ouvre sur une haute nef unique, en berceau légèrement brisé, prolongée par une abside plus basse, de plan carré et de dimension plus réduite, voûte en croisée d'ogives tout comme les deux bras du transept.
L'ensemble représente une profondeur de 22m pour une largeur de 8m et de 14m dans l'axe du transept.
Le choeur quadragulaire à chevet plat était autrefois largement éclairé par trois belles fenêtres romanes de formes lancéolée. La plus grande, celle du fond, a été occultée à la fin du XIXe siècle pour permettre la pose du grand tableau. Une boiserie ancienne sobrement ouvragée recouvre sur une hauteur d'environ 2 m les murs du choeur. La tribune en bois fut réalisée à la fin du XVIIIe siècle. A l'origine, elle était plus large d'neviron 1 m mais au cour du XIXe siècle, elle fut raccourcie pour garantir la solidité de l'ensemble. Le centre de l'abside est occupé par un imposant autel baroque polychrome du XVIIIe siècle, réplique fidèle mais en plâtre du maître autel de la cathédrale d'Embrun. Il a été mutilé à l'époque poste-concilaire récente. On remarquera dans le choeur à droite le très bel encadrement en accolade, de la porte de la sacristie, traité en marbre du pays , et aussi de curieuses figurines monstrueuses ornant la base des arêtes de la croisée d'ogives. La clef de voûte est ornée du monogramme J.H.S.
Tout comme celle de l'abside, et bien que très certainement réalisée en cargneule, la voûte de la nef a reçu en 1880 un revêtement pastichant assez habilement cet appareillage en représentant des décors en faux marbres.
La voûte divisée en trois travées par deux arcs doubleaux reposant sur des pilastres en cargneule, s'appuie sur de simples consoles reliées par une corniche en saillie qui court de chaque côté, d'un bout à l'autre de l'édifice.
Au-dessus de l'entrée, on remarque une imposante et splendidie tribune en mélèze, qui occupe, à mi-hauteur, tout le fond d el anef, et revient sur chacun des deux côtés. Cet ouvrage demande à être consolidé et restauré.
Il y a près de l'entrée un bénitier circulaire en marbre rosé qu'on dit remonter au XIe siècle. Les fonts baptismaux, placés dans la première chapelle à gauche, sont d'époque plus récente.
L'ensemble des chapelles latérales construites plus tardivement ne présentent pas d'intérêt particulier, si ce n'est la seconde (après les fonts baptismaux) aujourd'hui murée (derrière le confesionnal), et qui dispose d'un accès direct depuis l'extérieur (façade est) et par le clocher. Il s'agit de l'ancienne chapelle funéraire des châtelains de Picomtal, aujourd'hui désaffectée.
Le clocher
Le clocher de forme quadragulaire terminé par une flèche en cargneule, accosté de quatre pyramidions est d'une architecture très répandue en Embrunais et dans les Alpes. Il date de 1829/1839: le clocher primitif a alors été réhaussé pour atteindre les 23 m de haut.
Ce clocher primitif était donc plus bas et de conception plus modeste avec une simple couverture en ardoises et deux baies géminées surmontées d'un arc en plein cintre. Des traces de ces baies sont encore apparentes.
Comme la façade principale, celui-ci a bénéficié en 1992 d'une restauration totale. Il abritait depuis la Révolution l'ancienne cloche abbatiale de Boscodon, restituée solennellement le 11 novembre 1992 et remplacée par une nouvelle cloche identique baptisée le 12 avril 1993.